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La réalisatrice Sophie Cattoire poursuit le travail en profondeur qu'elle a entrepris sur la Préhistoire. Elle vient de présenter le dernier volet d'une trilogie qui sera publiée en coffret DVD bilingue à l'occasion de l'ouverture de Lascaux IV et qui comprend déjà « Le Dernier Paysan Préhistorien » (portrait de Gilbert Pémendrant, propriétaire de la grotte ornée de Bernifal) et « Un Château Hanté par la Préhistoire » (en partie tourné au château de Sauvebœuf, où Claude Douce conserve une remarquable collection de pierres taillées).

Présenté en avant-première au cinéma Lux du Buisson-de-Cadouin, « La Naissance de la Préhistoire » remonte le cours d'un temps où il ne faisait pas bon aller chercher avant le Déluge, sous peine de s'attirer les foudres sinon divines du moins papales. Antédiluvien : a priori rien de subversif dans ce mot. Mais au XIX^e siècle, l'existence humaine ne remonte pas au-delà de 4004 ans avant Jésus-Christ selon les laborieux calculs ecclésiastiques, validés par les scientifiques d'alors, comptant à partir de la Bible le nombre de générations nous séparant d'Adam et Ève.

Dans un contexte où il est blasphématoire d'aller chercher plus loin dans le passé, un chercheur comprend pourtant que si des outils de pierre taillée le sont de mains d'hommes et qu'ils se trouvent auprès de mammouths, alors c'est que l'homme existait aussi à cette époque. Jacques Boucher de Perthes parviendra à le démontrer et c'est la découverte par Édouard Lartet, sur le site de la Madeleine, d'un mammouth gravé sur une défense d'ivoire de mammouth, en 1864, qui prouvera à quel point il avait raison.

Le long voyage dans le temps et dans l'espace dans lequel nous entraîne Sophie Cattoire pendant près de 2h20, mis en musique par Vincent Lesbros, passe par la Somme dont était originaire ce premier préhistorien, mais aussi par le récent Musée-forum d'Aurignac (Haute-Garonne) ou le Muséum national d'Histoire naturelle, et bien sûr par de nombreux sites préhistoriques périgourdins. Mais aussi par le Musée Napoléon de Cendrieux afin de situer l'époque durant laquelle furent menées ces recherches. Les témoignages de chercheurs nourrissent l'enquête historique : Marylène Patou-Mathis, Yves Coppens, Jean-Jacques Hublin, Jean Clottes, Jean-Pierre Chadelle ; qui est aussi quête métaphysique, et la journaliste ne se privera pas d'interroger les scientifiques sur leur foi (ou pas). On se dit alors aussi qu'avec la conversion de l'abbé Breuil ou de l'abbé Glory à la cause de la recherche préhistorique, la jeune discipline tenait, dès le début du XX^e siècle, sa revanche !

Avec un ton, une écriture très personnelle, la journaliste nous délivre une grande densité d'informations et on ne voit pas passer cette rencontre avec la nuit des temps. Sophie transmet aussi un message très actuel : « Nous sommes des primates mammifères bipèdes, complètement dépendants de notre environnement, et si nous ne retrouvons pas des chemins d'harmonie avec ce qui nous entoure, nous allons à notre perte. Étudier la Préhistoire, c'est aussi comprendre qu'on est tous de la même famille sur la planète Terre. »